River : the Joni Letters
Dans les lignes qui suivent, je vais dresser une chronique musicale... C'est-à-dire que je vais parler d'un disque.
Evidemment, la plupart d'entre vous n'a jamais entendu parler de ce disque ni de l'artiste qui l'a produit. La plupart d'entre vous ne l'écoutera jamais, n'en aura jamais rien à foutre, et ne s'en portera pas plus mal. Salut les mecs !
Par ailleurs, Je soupçonne ceux qui restent de lire cette chronique musicale en se disant « Merde, une chronique musicale... On va se faire chier»
A ceux-là, je envie de dire :
Voilà comment j'en suis arrivé à l'écrire, cette saloperie de chronique :
1. Il y a quelques mois, en voulant ré-installer un logiciel à la con sur mon PC, j'ai effacé par erreur un pilote pour avoir Internet, ce qui m'a conduit à ne plus être connecté à la Toile pendant quelques temps.
Pourtant, auparavant, je passais volontiers des heures entières à « surfer » sur mon canapé, en regardant de temps en temps par la fenêtre et en fumant des clopes. Je pourrissais quelques soirées, mais dans la joie.
Quand j'ai perdu ma connexion, je ne me suis pas pressé de la remettre. Il existe pourtant de nombreux forums d'aide pour bidouiller, et pour lire des « LOL » et des « Merci de lire les conditions d'utilisation du forum, connard »...
Oui, je n'ai pas ré-installé ma connexion dans la seconde qui a suivi l'accident....
Pourquoi ?
Parce que comme vous, je glandais déjà énormément sur Internet pendant mes heures de travail.
Dés lors, continuer à glander chez moi me donnait finalement l'impression de faire des heures supplémentaires.
Je me suis donc maintenu dans cette situation pendant quelques temps, déconnecté du réseau Internet en mon domicile.
2. Pendant cette période de sevrage Internetistique, ne croyez pas que je ne fréquentais plus Internet. Non ! Je consultais toujours, presque autant sur l'ordinateur de mon bureau que chez moi, les pages sans intérêt qu'on peut trouver chaque jour : l'équipe.fr, lemonde.fr, vinzalice.fr.
J'étais donc au courant de tout, mais je ne pouvais plus rien télécharger.
Je décidai donc de rester dans la légalité la plus parfaite en me contentant de la musique que j'avais déjà, et en effaçant e-mule de mon ordinateur de maison.
Pour compléter le tableau d'un mec respectueux des valeurs réglementaires et législatives, je me suis dans le même temps plié aux recommandations du Programme National Nutrition Santé, à savoir consommer au moins 5 fruits et légumes frais par jour.
Mon transit s'en est trouvé amélioré.
3- Un jour, en mangeant une pomme, j'ouvre sur mon PC professionnel ma page MSN pour lire mes messages électroniques du jour.
Ce faisant, je tombe sur une actualité à la con, parmi tant d'autres... Cette actualité avait pour titre « Amy Winehouse triomphe aux Grammy Awards ».
Je me souviens m'être dit, très sérieusement : « Chouette ».
Cependant, je dois avouer que je m'en foutais un petit peu... L'album d'Amy Winehouse était réussi, il avait largement trouvé son public... Ce triomphe n'était donc pas une surprise, ni pour moi, ni pour personne.
Je cliquai toutefois donc sur le lien pour en savoir plus, très machinalement (vous savez comme on peut glander au boulot, parfois...)
Et là, je dois avouer que j'ai un petit choc : la vraie surprise, le vrai triomphe, ce n'était pas Amy Winehouse, mais Herbie Hancock, qui venait d'obtenir le titre de « Meilleur Album de l'année ».
Et là, j'étais très content !
Parce que Herbie Hancock, c'est les HeadHunters, c'est Cantaloupe Island, c'est Watermelon Man...
Un mois auparavant, j'avais vu le groupe HeadHunters, justement, qu'il avait créé dans les 70'. Bidet de merde, c'était super bon ! Lui n'était pas là, mais voir ces vieux jazzmen reprendre l'intégralité des titres qu'il leur a légués, c'était frais.
Herbie Hancock, je l'avais vu au Jazz à Vienne deux ans auparavant : du jazz intello, ennuyeux presque.
Bref, son nouvel album est un hommage à Joni Mitchell, qui n'est PAS la fille de Johnny Hallyday et Eddie Mitchell, mais une nana qui chantait sur des disques que j'écoutais en solo dans mon véhicule automobile, voici quelques années.
Un truc un peu cucu, mais superbe à écouter. Notamment « Court and Spark » et « Blue », qui sont deux albums des '70.
Je savais qu'Herbie Hancock adorait Joni Mitchell. Je me suis même demandé s'il ne se la tapait pas, parce qu'il l'invite sur pratiquement tout ses albums, et il dit d'elle que c'est la plus grande chanteuse de jazz de l'histoire. Je les avais découverts ensemble sur un album que j'avais acheté avec mes sous... Un hommage à Gershwin sorti en 1998, avec notamment Stevie Wonder en guest.
Je lui ai filé du blé, à ce Herbie Hancock ! Entre les concerts et les CD...
4- Je ne pouvais pas télécharger le disque, et je n'avais pas envie de l'acheter.
Depuis une vingtaine d'années en effet, Herbie Hancock ne fait plus du « HeadHunters », mais du jazz intello, beaucoup moins groovy, beaucoup moins funky.
Et je préfère garder mon blé pour les concerts (et pour quelques artistes, et quelques vinyles... dont Oldies but Goodies, voir chronique)
Je me disais donc que le disque en lui même allait être relou.
Cependant, n'y tenant plus (et voulant également télécharger le dernier disque d'Andre 3000, + Bold as Love que j'avais paumé, + du Petrucciani et du son que Spike m'avait conseillé) , je décidai de ré-installer Internet chez moi.
Internet, et la fameuse Mule qui va ruiner Julien Clerc et autres Christophe Willem...
Le disque en main, je deviens surhumain, et si le beat est bien, tout comme le refrain, j'ai bien l'im...pression .... Que je vais proposer à Vinz de faire une chronique avec moi sur ce disque.
5. Allez lire sur www.vinzalice.fr
« - Salut Vinz !
Je te propose d'écouter l'album River, d'Herbie Hancock, et d'en faire une chronique sur ton blog.
Ce sera une expérience amusante, non ? »
« - Ok pour lundi.
Je suis en train de le télécharger ... on est bien d'accord qu'il
s'agit de River ?»
Vinz est un collégue de bureau du Mattress Maker's Son from Marcollin....
Il m'avait banni de son blog il y a quelque mois, parce que j'avais dit « Bite », et que j'avais agacé quelques jeunes filles prudes et chastes d'oreilles (je ne pouvais pas le savoir : elles faisaient croire à tous qu'elles étaient trashy...)
Je suis monstrueusement rancunier. Mais, je ne m'arrête pas aux première apparences. J'ai donc, une fois que ma cause fut plaidée par Jé et Spike qui m'ont permis d'être réhabilité sur le blog de Vinz, j'ai donc pu retourner lire quelques articles dudit Vinz...
La plupart des articles étaient là pour remplir des pages, pour garder des lecteurs, pour raconter ce qu'il vivait. Puis, depuis quelque temps : du mieux. Des articles vécus...
Mais je ne suis pas là pour donner des bons points. Je suis un gros connard, bordel !
Alors voici la chronique à proprement parler :
«- Moi je pense qu'il avait pas plus de classe que de beurre au cul. J'ai jamais compris comment il a eu le titre. Pourtant, j'aimerais pas que l'homme qui l'a tué vous échappe.
- Eh, oh, ça va, hein. Il y a pas le feu, on n'est pas aux pièces. »
(Jacqueline et Steven, in La Classe Américaine )
La première écoute est incroyablement agréable. La production musicale est super réussie, et tout est parfaitement dosé, parfaitement joué, parfaitement fait.
Les stations de métro défilent, et l'oreille n'est pas une seconde accrochée. Je lis avec plaisir les interviews de l'Equipe, qui sont pourtant incroyablement horripilantes : « On prend les matches les uns après les autres, sans se poser de questions ». Tam tam tam
J'arrive au bureau : le disque est OK, mais une question : s'agit-il vraiment du disque de l'année ?
La réponse est évidemment non, et l'oreille non avertie risque de s'ennuyer fermement à l'écoute de ce type de disque très jazz intello, festival de Marciac, avec les chaises en plastique et l'éclairage parfait.
Certains morceaux sortent du lot : moi, je trouve que Court and Spark est bien, mais trop proche de l'originale qui est mieux. J'imagine qu'il s'agit du morceau phare de l'album, avec Nora Jones.
Je préfère Tea Leaf Prophecy et peut être River (je dis ça pour Spike)
River : the Joni ... est bien, mais il ne s'agit pourtant pas de l'album du siècle, et je me demande bien ce qu'on lui a trouvé, aux Grammy Awards, pour lui filer le ticket de meilleur disque.
Au bout d'une bonne quinzaine d'écoute, le sentiment ne change pas, et on avance quelques morceaux...